Ce travail photographique est né lors d’une résidence à Sunnhordland Museum.
Tirages sur papier Kozo 110g et dessin au fusain, pierre noire, pastel sec
La nature mystérieuse et puissante agit comme un envoûtement. Avec ses paysages éclairés sous un ciel changeant, j’ai trois semaines pour la regarder et la penser. Elle m’attrape dans ses forêts qui s’ouvrent sur la mer immense, scintillant dans. la lumière du soleil, vaste étendue de brouillard qui cache tous ses îlots fantomatiques. Vent de liberté, je suis entre le souffle de la forêt, dense et humide, et le chuchotement des vagues qui s’écrasent nonchalamment sur les plages de rochers. Je me tourne, dos à la mer, et mon regard retrouve la forêt tumultueuse. Espace de tension entre réel et imaginaire.
Je surprends d’abord le réel par la photo. Je le prolonge ensuite par le dessin, tout en lui restant fidèle, pour l’amener vers mon monde inventé. La photographie enregistre mon regard et le dessin offre une nouvelle expérience où se nouent et se raniment mes mémoires. Je photographie les éléments de cette nature puis en esquisse les contours infinis pour les réinventer a posteriori. Fragile tentative anthropocéne de mêler mes forêts intérieures à celles qui m’entourent alors. Les traits de fusain tracés dans la continuité de la photo lui confèrent l’aspect d’un dessin amenant le spectateur en dehors du cadre photographique. À cette frontière, le regard rencontre de nouvelles forêts plus denses, plus chaotiques, plus noires. Elles sont impénétrables et sans repères, comme des îlots qui flottent au milieu de l’océan, s’ouvrent et rejoignent la lumière dans le blanc du papier.